Quel lien entre les allergies et votre système digestif (2024)?
Le rhume des foins, le nez bouché ou qui coule, la tête dans le brouillard, la gorge qui pique ça vous parle ? Alors que tout le monde se réjouit de l’arrivée du printemps pour vous c’est l’angoisse ? Et si ces allergies étaient liées à votre système digestif ? Suivez le guide, on vous dit tout.
Les allergies et votre système digestif
Notre corps tout entier est couvert de microbes, ces fameuses petites bêtes dont on nous rebat les oreilles depuis plus d’un siècle. Mis au ban de la société, les microbes sont devenus non grata chez nous. Et pourtant… loin de causer des dommages ils nous sont très utiles. Sans eux par exemple nous réagirions à tous les allergènes présents dans l’air et dans la nourriture.
Les allergies se développent rapidement et ce qui était encore chose rare il y a trente ans, comme une intolérance aux cacahuètes ou un rhume des foins prolongé, est devenu banal et répandu.
Cet article de SIHO a pour but d’expliquer les liens qui existent entre allergies et système digestif. Et comme tout problème ayant ses solutions nous étudierons ce que vous pouvez faire pour ne plus en souffrir !
L'hypothèse hygiéniste
Depuis quelques années on entend parler du microbiote, cette flore bactérienne qui peuple nos tissus et nos organes. Dans les années 1980 est apparue l’hypothèse suivante : notre insistance sur la propreté, le fait de ne pas être exposé aux microbes serait plus délétère qu’autre chose. En effet, le corps a besoin d’être stimulé, afin de développer une bonne immunité. Sans stimulation régulière, et douce, nous pouvons dire bonjour aux maladies virales et aux allergies de tout bord.
Il a été prouvé par plusieurs études que les personnes qui ont des animaux domestiques ont moins de chance de développer des allergies. Les enfants ayant grandi dans des fermes ou ceux consommant du lait cru non pasteurisé également. D’autres facteurs influencent notre microbiote et ainsi notre risque de maladies allergiques. Les antibiotiques, les naissances par césarienne ou encore ne pas avoir été allaité sont associés à une sensibilité accrue à l’asthme et aux allergies.
Il a été récemment démontré que les enfants allergiques avaient plus de mauvaises bactéries (staphylococcus, clostridium et escherichia) et moins de bonnes (lactobacillus et de bifidobactéries) que les enfants en bonne santé. L’ensemble de ces études suggèrent que plus nous sommes exposés à un large éventail de microbes à l’aube de notre vie, plus notre système immunitaire sera efficace. En effet, il apprendra quelles sont les bactéries dangereuses et celles qui sont bénéfiques.
Les allergies alimentaires et votre intestin
Souvenez-vous: dans les années 1970-80 connaître quelqu’un qui souffrait d’une intolérance était relativement rare. Maintenant faites le compte : combien en connaissez-vous ?
Peut-être est-ce un effet « de mode » (mais croyez-moi, les personnes souffrant d’intolérances n’en sont pas fières car elles aussi veulent être « comme tout le monde » et pas le chieur de service qui impose aux autres sa différence), peut-être est-on mieux informé qu’auparavant ? Peut-être également que notre intestin est de plus en plus malmené, alors que c’est dans ce dernier que siègent 80% des cellules immunitaires de notre corps.
Notre intestin est normalement étanche. C’est-à-dire que hormis les nutriments dont le corps a besoin rien ne doit passer à travers. Chaque jour, cette barrière entre notre intestin et la circulation sanguine est mise à rude épreuve, à cause du stress, de l’alimentation, de l’air que nous respirons ou encore des ondes. Quand l’intestin devient poreux (on parle alors d’intestin perméable ou leaky gut en anglais) les protéines alimentaires peuvent pénétrer dans le sang et ainsi stimuler une réponse immunitaire. De là le développement de symptômes de type allergiques.
Notre alimentation est en première ligne pour nous défendre ou au contraire nous agresser. Des études ont montré qu’une flore intestinale perturbée par des prises d’antibiotiques ou un régime pauvre en fibres provoque cette perméabilité. Dans le deuxième cas, il a été démontré que certaines bactéries amies, pour ne pas mourir de faim, pourront même venir manger votre mucus, cette fameuse barrière intestinale.
L’histamine, c'est quoi ?
L’histamine, je suis sûr que ce mot vous dit quelque chose. Cherchez bien. Vous le trouverez dans un médicament bien connu pendant le temps des pollens. Et oui, vous l’avez trouvé : vous connaissez l’histamine par le truchement des antihistaminiques.
L’histamine est extrêmement importante, naturellement présente dans notre organisme. C’est un neurotransmetteur qui régule notamment la production d’acide gastrique ou encore la perméabilité de la barrière hématoencéphalique. Elle est également un composant essentiel de la réponse immunitaire. Comprenez par là qu’elle joue un rôle clé dans les réactions allergiques.
Si l’histamine est naturellement présente dans notre corps certaines personnes souffrent d’une « intolérance à l’histamine » (plus précisément un syndrome d’activation mastocytaire ou, plus problématique, une mastocytose) où le corps produit un excès d’histamine, où l’histamine est instable ou encore qui présente une carence en diamine oxydase (DAO), enzyme chargée de dégrader l’histamine.
De nombreux microbes produisent de l’histidine décarboxylase, qui convertit l’histidine (présente dans de nombreux aliments, notamment la viande) en histamine. Plus ces microbes sont nombreux et plus la conversion l'histidine en histamine va être importante. Elle va alors être absorbée par l’intestin puis circuler dans de nombreuses parties du corps (intestin bien sûr mais également poumons, nez, cerveau, peau), ce qui va exacerber les symptômes allergiques.
Certaines personnes ont une flore déséquilibrée, avec une surpopulation de lactobacillus (on les retrouve en quantité dans l’immense majorité des probiotiques). Si elles sont normalement bénéfiques pour la santé, elles produisent énormément d’histamine. Ainsi pour les personnes ayant un SIBO (small intestin bacterial overgrowth, où la flore intestinale se retrouve en trop grand nombre dans l’intestin grêle).
Afin de résoudre un problème d’allergie sur le long terme, le rétablissement d’un équilibre de votre flore doit être LA priorité.
Mesures pour améliorer les problèmes d’allergie (et potentiellement les éliminer)
- Mangez des fibres en quantité
Comme nous l’avons vu dans notre articles sur les fibres et les prébiotiques il est avant tout primordial d’ajouter des fibres fermentescibles à son alimentation. En effet, elles vont produire des acides gras à courte chaîne (acétate, propionate, butyrate) qui régulent le système immunitaire. Le butyrate par exemple réduit la perméabilité intestinale et baisse la réponse immunitaire. De son côté, le propionate réduit les maladies allergiques des voies respiratoires.
I’ve gut the power est riche en fibres et amidons résistants. Il est donc d’une précieuse aide pour les allergies.
- Évitez les aliments inflammatoires
Chaque personne est sensible à certains aliments. Les plus courants sont les céréales contenant du gluten, du lactose et les œufs. Les cacahuètes sont aussi connues pour être de puissants allergènes. La famille des solanacées (aubergines, tomates, pommes de terre, poivrons, goji) est moins connue mais pourtant très répandue. Nous vous invitons à tester de potentielles intolérances, sous la supervision d’un thérapeute compétent !
- Tentez un régime pauvre en histamine
Les aliments riches en histamine ou provoquant des troubles avec l’histamine sont très divers. C’est le cas des épinards, de tous les aliments fermentés (fromage mature, vin, bière, chocolat), des agrumes, de la charcuterie, de la viande maturée et du poisson pas totalement frais.
- Faites un test pour le SIBO
Le sibo est très répandu mais clairement sous diagnostiqué. Faites le test !
- Prenez des probiotiques mais pas n’importe lesquels
On l’a vu, certaines souches produisent beaucoup d’histamine. Privilégiez les bifidobactéries ainsi que le lactobacillus plantarum.
Les allergies saisonnières ne sont pas à prendre à la légère. Il est essentiel de soutenir votre système immunitaire afin de réduire leurs conséquences sur votre santé et votre bien-être. Si vous souffrez d'allergies saisonnières, n'oubliez pas le rôle que joue votre intestin dans le renforcement des réponses immunitaires et prenez bien soin de votre jardin intérieur.
Sources:
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4918254/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2841828/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30600099
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27115907/
https://www.ebiomedicine.com/article/S2352-3964(15)30221-8/fulltext